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Le tombeau était Vide… !






Marie-Madeleine : la passion, la révolte et la révélation.

Pierre : l’empressement, le doute et la confirmation,

Jean : la délicatesse, l’amour et l’illumination.

C’est l’heure où le jour point, l’aube naissante arrose délicatement le toit des maisons et le jardins encore dans la pénombre se disposent à l’éveil, la végétation est encore toute parée de rosée, les premiers gazouillis timides peinent à combler le silence et la douce lumière de l’aurore annonce déjà une belle journée.

Vite, dépêchons-nous, il faut aller au tombeau en toute hâte pour rendre au corps déchiré de Mon Seigneur les soins que le Sabbat ne nous a pas autorisées à lui prodiguer…

Les deux autres doivent déjà être prêtes, elles m’attendent. Est-ce que j’ai bien tout ce qu’il me faut, les linges, les huiles, pour embaumer dignement le corps meurtri de Celui qui était tout pour moi… Allons, il est grand temps nous sommes déjà au troisième jour, le temps presse…

Pressons le pas, courons le retrouver, le choyer, laver ses plaies, nettoyer son sang, parfumer son corps et couvrir sa dépouille. Lui qui prenait tant soin des autres, on ne peut pas abandonner son corps si pur sans soins, surtout après les outrages qu’il a dû endurer… Je ne veux même plus y penser tant cela m’est encore vif ; douloureusement insupportable. D’ailleurs je ne peu pas encore me résoudre à y croire !... Lui qui avait tiré Lazare du tombeau, ramené à la vie la fille du notable, réveillé l’enfant unique de la veuve éplorée croisée par hasard. NON ! je n’arrive pas à me dire qu’il est mort, que tout est fini, que les hommes de cette ville-temple-de-Dieu m’ont ravi Mon Seigneur.

Pressons-nous, il va bientôt faire jour. Personne d’autre ne doit accomplir les rites funéraires sur le corps de Mon Seigneur ; dès qu’il fera jour j’ai peur que tout le monde vienne le voir, lui rende hommage ; la foule l’aimait tant… Il n’y a pas huit jours elle voulait le proclamer « Roi ». C’est sûr que dès le petit matin il va y avoir du monde, il faut que son corps saint soit présentable !

Et qui va rouler la pierre pour nous ? Elle est trop lourde pour que nous y parvenions sans aide ; même ne nous y mettant toutes les trois !

… On n’est pas encore arrivées, c’est loin ! Plus loin que je ne le pensais, et nous devons absolument y être les premières… ça y est on arrive bientôt. Je me demande bien comment on va faire pour cette pierre… Nous y voilà ; enfin !

Tiens, la pierre a été roulée… C’est une chance ! Vite, entrons…

Le tombeau était vide !

Comment ça, le tombeau est vide ? Ce n’est pas possible ! Il était bien là il y a à peine deux jours… Marie, sa mère, muette de douleur, l’a accueilli une fois encore dans ses bras, elle n’avait même plus de larmes pour laver ses plaies. Nous l’avons bien déposé là, gisant sur la pierre. Nous l’avons juste enveloppé d’un linge et jeté sur lui les aromates de Nicodème. Il fallait se presser et soutenir Marie, l’arracher à la chair de sa chair, Chabbat allait commencer. On reviendrait après pour embaumer dignement ce corps abîmé par la haine des hommes…

Et voilà, nous y sommes. Mais le tombeau était vide !

Et personne pour me dire où on l’a mis, Mon Seigneur. C’est rageant, la colère du désespoir et de l’impuissance monte en moi avec les larmes de mon chagrin, et je me heurte à l’impensable : le tombeau était vide !

Et ce beau jeune-homme, là, que je ne distingue pas bien à cause du contre-jour de ce soleil levant ; c’est peut-être le jardinier. Il sait certainement ce que l’on a fait du corps de Mon Seigneur. Mon cœur bat la chamade, la colère me submerge, mes sens sont à fleur de peau, je trépigne intérieurement. Je bous de ne pouvoir étreindre ce corps même mort et lui redire par mes soins et toutes mes délicates attentions combien je l’aimais, moi, Mon Seigneur.

Sa mise à mort c’était déjà une injustice sans nom… Mais alors là, le tombeau vide, c’est trop ! Je vais exploser de douleur.

Ça ne va pas se passer comme ça ! Tu vas voir ce que je vais lui dire, moi, à ce jardinier… Le tombeau était vide ; non mais !...

- « Marie ! N’aie pas peur… C’est Moi !

- Rabouni… ?!

- Marie, Marie, calme ton émoi ; apaise la chamade de ton cœur…

- Rabouni ! Mon Seigneur ! Comme je voudrais te couvrir de mes baisers, t’embrasser, te baigner à nouveau de mes larmes… !

- Marie… Sèche tes larmes. Sois en joie : Je suis vivant ! Va l’annoncer à mes amis et dis-leur que je les précède en Galilée. »

… Pincez-moi ! Je n’ai pas rêvé… Vous avez vu la même chose que moi ! Le tombeau était vide et lui était là, à me parler, à m’apaiser, à me réconforter…

Le Tombeau était vide ! Vite, il faut aller prévenir ses amis, leur faire partager la joie extraordinaire de cette bonne nouvelle ! Le tombeau était vide ! Et Il est vivant, il m’a parlé, resplendissant de paix et de douceur dans cette aube nouvelle. On aurait dit que c’était Lui le soleil levant, tant il rayonnait… Vite, allons ! Je n’en reviens pas : le tombeau était vide ! vous vous rendez-compte ?

Le tombeau était vide ! Si, si mes amis, je vous le jure : Le tombeau était vide…

…

Jean, vite, mets tes sandales et allons voir ce que disent les femmes. Le tombeau était vide ! C’est incroyable ! Elles ont dû se tromper d’endroit, c’est pas possible… Il est mort voilà deux jours déjà ; deux jours que pour moi tout s’est écroulé… Et les Juifs ne vont pas s’arrêter là. Ils vont s’en prendre à nous, c’est sûr.

On ne sera pas trop de deux pour vérifier. Allez, on y va tout de suite, presse-toi un peu !

Le tombeau était vide ! Elles n’ont pas pu rouler la pierre. Et les gardes ? Ils étaient où les gardes ? Non, il y a un mystère…

Le tombeau était vide et Lui était là vivant, resplendissant comme un soleil... Quelle histoire ! C’est qu’il court vite le gamin, je n’arrive pas à le suivre… Il pourrait m’attendre tout de même ! Je veux savoir, je veux comprendre comment c’est possible, le tombeau était vide… Comment croire un tel prodige ? Ils l’ont jugé, enfin, ils ont fait un simulacre de procès ; ils l’ont fait condamner par Pilate, qui n’a même pas osé s’opposer à leur manigance ; et ils l’ont crucifié… J’ai tout suivi, de loin… Oui, je sais, ce coq qui chante encore dans ma mémoire et me transperce de honte. Ensuite on l’a déposé dans ce tombeau qui était encore vide, là tout près ; avec sa mère et quelques amis fidèles. Et ce matin le tombeau était vide. Ma tête est assourdie par les bruits de mon cœur pressé et les pensées contradictoires qui m’assaillent et mettent au défi ma raison… Le tombeau était vide, ont-elles dit.

On arrive, enfin ; La pierre est effectivement roulée de côté. Jean y est déjà, il regarde à l’intérieur, sans rentrer… Qu’est-ce qu’il voit ? Il a l’air stupéfait, mais radieux… Qu’est-ce qu’il a vu ? Le tombeau était vide ?

A bout de souffle, je me jette à l’intérieur, bousculant Jean au passage, immobile et qui a un sourire béat, presque angélique… Et… Le tombeau était vide ! Effectivement tout est comme les femmes nous l’ont décrit : le tombeau était vide et pas de Jésus à l’entour. Jean rentre à son tour, je l’interroge du regard. Qu’est-ce que tout cela veut dire ? Je suis affolé, perdu, désemparé… Il a l’air serein et presque satisfait, je le vois devenir radieux… de l’intérieur ! Qu’est-ce que je n’ai pas vu ? Le tombeau était vide, et rien d’autre ! Les linges sont pliés… effectivement c’est plutôt inattendu. Mais je ne vois que ce tombeau désespérément vide. Je ressors, bouleversé, incrédule, le soleil est déjà assez haut dans le ciel pour m’aveugler… Cette lumière ? C’est rare une lumière pareille, aussi intense le matin, on dirait presque qu’il fait chaud… Le tombeau était vide et j’ai l’impression d’être bien, douillet alors que je n’y comprends rien. Mes questions reviennent sans cesse à mon esprit comme des vagues, inlassables. Le tombeau était vide et il y a cette lumière inédite…

Quoique… j’ai déjà vu cette lumière… Je reprends mon souffle doucement, rassemble mes esprits. Le tombeau était vide, certes, mais cela ne me dit pas où est le corps de Jésus. Cela ne me dit pas où est le Seigneur que j’aurais suivi jusqu’au bout du monde, que j’aimais plus que ma vie, pour qui j’aurais tout donné… Oui, ce coq encore qui me chante dans la tête et les entrailles… Mais je l’aimais vraiment ; et là je suis orphelin devant le tombeau vide…

Marie nous a dit qu’elle lui avait parlé, qu’il était resplendissant comme le soleil de l’aube, chaleureux comme une douce lumière de printemps… Le tombeau était vide et il y a cette lumière, qui ressemble à celle que nous avions vu sur la montagne quand il parlait avec Moïse et Elie, douce mais puissante, chaleureuse mais presque insoutenable tant elle était intense et pure… Il nous a bien dit ce jour-là de ne parler à personne de cet événement jusqu’à ce qu’il ressuscite… Jusqu’à ce qu’il ressuscite ! Non !?...

Le tombeau était vide, parce que… Non ce n’est pas possible, le tombeau était vide, parce qu’il est ressuscité ! Il nous l’avait dit ce jour-là… Et aujourd’hui, en ce matin du troisième jour, le tombeau était vide… Le seigneur en est sorti ! Il est ressuscité ! Il est vivant ! on va pouvoir reprendre tout ce que l’on n’avait pas eu le temps de faire avec lui… Il faut qu’on aille dire cela à tous nos amis, vite.

Allez Jean, bouge-toi ! Ne reste pas là à contempler ce trou noir béatement… Il ne m’entend même pas, il est au ciel, illuminé… Il avait compris, lui, au premier regard… Dès qu’il a vu le tombeau qui était vide : il a su, et il a été rempli de joie paisible, de sérénité.

Le tombeau était vide… et cela suffit. Je crois que c’est une bonne nouvelle !

…

Mais qu’est-ce qu’il fait Pierre ? Il me dit de me presser et il faut que je l’attende… Il se traîne ! Moi je n’y tiens plus : le tombeau était vide… Quelle joie ? Ou quel malheur ? Mon cœur est transporté d’allégresse et ma raison me dit que quelque chose n’est pas normal… Nous sommes le troisième jour après sa mort ; et le tombeau était vide ?! Tant-pis pour Pierre j’avance, il me rejoindra. Ce n’est pas si loin et nous allons y arriver presque ensemble…

Mes pieds ne touchent presque pas terre tant j’ai hâte de vérifier ce que Marie nous a dit : Le tombeau était vide ! Comment un tel miracle est-il possible ?

Nous y voilà, la pierre est bien roulée de côté, exactement comme nous l’a dit Marie. L’ouverture du tombeau est béante. Il n’y a personne dans le jardin, même pas le « Jardinier ». Ni les soldats d’ailleurs ! Je croyais que les Juifs avaient fait garder le tombeau de peur que nous ne venions la nuit voler de corps de Jésus. Mais le tombeau était vide… Quand-même !

Mon cœur est rempli d’allégresse, mais je n’ose pas y croire encore… N’avait-il pas promis qu’il reconstruirait le temple de Dieu en trois jours. Et nous sommes au matin du troisième jour, et les Juifs pensaient l’avoir détruit, lui, Jésus, temple vivant de son Père… Les circonstances sont troublantes. Mon cœur est transporté, mais mon esprit est rétif ; j’ai un peu peur de ce que je vais découvrir. Le tombeau était vide, et moi qu’est-ce que je vais y trouver ?

Pierre n’est pas encore arrivé, juste un regard à l’intérieur : le tombeau était vide. C’est vrai, Jésus a abandonné son linceul, il a quitté ses oripeaux terrestres, il a déserté sa mort. Mais tout est calme et tranquille, bien en place. A sa vraie place ! C’est donc vrai… Il est ressuscité. Il est vivant ! La joie et la sérénité m’envahissent tout doucement, je sens monter la paix en moi.

Et même Pierre qui me bouscule pour entrer et vérifier par lui-même, ne trouble pas cet état de grâce : Le tombeau était vide. Son regard incrédule croise le mien : Nous vivons bien la même chose, le tombeau était vide. Pierre paraît apeuré, fragile, il cherche… Il cherche encore, il cherche toujours Jésus le ressuscité. Mais Pierre, mon ami, il n’est plus au tombeau, le tombeau était vide !

Ressortons, mon ami. Ressortons en pleine lumière. Désormais Jésus est dans la lumière, Jésus est la lumière ! Et je sens bien que c’est lui qui éclaire et réchauffe mon cœur, c’est sa lumière qui tarit mes larmes, c’est la chaleur de sa lumière qui m’envahit peu à peu. C’est Jésus qui me rejoint en moi. Il vient faire sa demeure en mon cœur, et cette sensation m’habite et me comble de bonheur… Le tombeau était vide et Jésus est vivant en moi. Je resterais bien des heures dans cette béatitude, baigné de cette tendre lumière d’un petit-matin radieux, lové dans cette présence toute autre qui me pénètre et m’emplit de joie. D’une joie indicible : Le tombeau était vide et Jésus est vivant.

Oui Pierre, je te suis. Nous allons annoncer ce que nous avons vu à nos frères. Mais pourrons-nous leur faire partager cette plénitude et la sérénité de cet instant, ce présent qui est un formidable cadeau fait aux homme ? Le tombeau était vide…

En fait, je le savais. Je l’ai toujours su, mais je ne voulais pas le croire. Jésus nous l’avait pourtant dit et redit, l’amour de Dieu pour l’homme est indéfectible et moi je suis le chemin, la vérité et la vie… Je vaincrai la mort et je vous entrainerai à ma suite, mon joug et doux et mon fardeau léger pour qui aime vraiment… Le tombeau était vide, en vérité… L’amour a été plus fort que la mort, Dieu a tenu sa promesse. L’amour ne saurait mentir.

Le tombeau était vide et c’est la vraie bonne nouvelle d’un amour infini.

Le tombeau était vide et désormais il le restera. Je crois !

Dominique




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